Les questions sont traitées par Emmanuelle Rey,
sage-femme spécialisée en allaitement.

J'ai l'impression que je n'ai pas assez de lait, que je n'y arrive pas

Interpréter le comportement d’un bébé n’est pas toujours facile, même si on connaît les signes de faim. Des baisses de lait passagères existent mais réclamer beaucoup ou après une tétée peut aussi vouloir dire recherche de réconfort ou bien gêne digestive.

C’est le fait d’espacer les tétées qui peut faire baisser une lactation, ou d’en sauter une ou plusieurs en donnant un biberon de lait infantile à la place. Mais si vous tirez votre lait entre temps ou pour le donner à bébé alors il y aura stimulation donc production suffisante.

Bébé prend peut-être toute la quantité disponible ou bien l’utilisation du tire-lait est à ajuster. Prenez conseils et astuces pour organiser vos moments de tirage en choisissant un modèle et une taille de téterelles adaptés.

Je doute de moi tout le temps, je ne sais pas si je fais bien...

C’est physiologique pour un bébé de s’endormir après une tétée : rester au sein est rassurant, il est repu et se repose de ses efforts de succion. La durée des tétées (autour de 10 minutes minimum) et le nombre de couches mouillées (au moins 5 par jour) vous donnent des indications pour savoir s’il mange assez.

Ce n’est pas anormal en tous cas, sauf si cela vous pèse (on peut y travailler). Divers facteurs comme l’âge du bébé notamment, le nombre de tétées qu’il a en journée, le fait qu’il dorme près de vous ou non peuvent expliquer en partie qu’il réclame beaucoup la nuit.

Cela correspond à une phase de développement neuro-moteur intense. La première année de vie en compte plusieurs : à 3 semaines, 6 semaines, 3 mois, 6 mois… Bébé est agité, il peut pleurer plus souvent et avoir besoin d’être davantage porté. Le lait maternel change de composition pour s’adapter à ses nouveaux besoins accrus.

Le rythme normal, c’est celui qui convient à votre bébé autant qu’à vous, c’est important. C’est variable selon les duos mais à la naissance on allaite à la demande, au moins 8 fois par 24h. Cela peut commencer par des tétées toutes les 2h-3h puis aller vers un espacement de 3-4h en grandissant. 

Réveiller son bébé la nuit pour le nourrir peut vous être demandé ponctuellement par le personnel soignant qui le suit, pour augmenter sa prise de poids quand c’est nécessaire par exemple. Sinon il n’y a pas lieu de le faire, sauf après 5h sans téter les premiers temps.

Sentir bébé bien ou apaisé quand vous pourvoyez à ses besoins est un bon indice pour vous guider. Piochez les astuces qui vous conviennent mais fuyez les discours stressants ou moralisateurs. Vous êtes la meilleure maman pour votre bébé !

Je me sens isolée et triste

C’est physiologique pour un bébé de s’endormir après une tétée : rester au sein est rassurant, il est repu et se repose de ses efforts de succion. La durée des tétées (autour de 10 minutes minimum) et le nombre de couches mouillées (au moins 5 par jour) vous donnent des indications pour savoir s’il mange assez.

Bébé va grandir et les tétées vont certainement s’espacer un peu naturellement. Être jeune maman, c’est très prenant, et peut-être envahissant à des moments. Si ce sentiment domine en vous, il est temps de trouver comment recharger vos batteries émotionnelles.

Se sentir seule avec son bébé est un sentiment qui n’est pas rare mais qu’on partage peu : osez en parler, de bons amis peuvent vous préparer une petite sortie qui vous fera le plus grand bien. Autorisez-vous à y aller sans bébé pour vous retrouver un peu.

Pas du tout ! Le bouleversement émotionnel de la maternité, le manque de sommeil et les difficultés de la réalité parentale peut nous procurer à toutes des pensées négatives. Leur fréquence ou leur intensité doit vous alerter, vous pouvez être aidée pour aller mieux.

J'ai besoin d'un coup de boost !

Avoir un rythme de tétées toutes les 3-4h est idéal une fois l’allaitement bien en place. Mais en dessous de 6 tétées par jour, la production de lait risque de se tarir. On peut donc réduire le nombre de tétées en fonction, ou en en substituant au tire-lait pour garder assez de stimulation.

Non, votre production de lait va s’adapter si vous gardez un nombre de tétées suffisant ou si vous complétez avec des tirages. En pratique, c’est mieux d’attendre si possible 3 semaines à 1 mois pour que la lactation soit bien en place avant de donner du lait infantile à la place d’une ou plusieurs tétées.

Le bon moment, s’il y en a un, c’est celui où bébé et vous êtes prêts à sauter le pas. On peut se diriger vers un allaitement mixte ou un sevrage pour diverses raisons, mais il arrive que bébé refuse temporairement le biberon. C’est un cap à passer, pas toujours évident, alors c’est préférable pour vous 2 de le faire en douceur, en prévoyant 2 semaines ou plus pour le faire.

Je suis à bout de fatigue

L’adage « quand bébé dort, maman dort » est toujours bon à suivre, l’intendance attendra. Passez le relais le plus possible au co-parent ou à des proches pour récupérer. Et si une fatigue intense se lit sur votre visage et qu’on vous propose de l’aide, essayez d’accepter les mains tendues de bon cœur.

J'ai mal quand j'allaite !

Des mamelons mal soignés peuvent vous conduire à arrêter l’allaitement pour cesser d’avoir mal. Mais on peut vous aider à passer le cap de la guérison par des crèmes et dispositifs locaux, en veillant à préserver la lactation.

Vous ressentez un genre de douleur qui revient, un peu comme une brûlure. L’effervescence d’un allaitement peut nous faire ressentir plein de sensations différentes, pas toujours agréables. Mais une douleur hors tétée comme une brûlure, qui revient, fait penser à une candidose mammaire : on traite alors la mère et le bébé en fonction.

Cela ressemble à un canal lactifère bouché, une sorte d’embouteillage lors du passage du lait dans le réseau. Vous pouvez appuyer dessus par petites pressions et masser pour faire passer ou diminuer cette boule ; faites-la examiner si elle persiste ou devient douloureuse.

Oui, c’est possible. Un frein de langue peut rendre le processus de succion plus difficile pour bébé, avec une mise en bouche du sein moins optimale. On peut l’aider avec de petits exercices, et plusieurs avis sont bienvenus.

Vous encourager à continuer de chercher comment vous soulager auprès de personnes compétentes en allaitement semble être un conseil adéquat si l’envie de continuer cette aventure prédomine sur les difficultés. L’allaitement est plus ou moins facile pour chacune de nous, et selon les moments, cela dépend de plein de facteurs.

Je suis enceinte, et j'ai peur de ne pas réussir à allaiter

Non, il n’y a rien de particulier à faire avant pour favoriser la réussite d’un allaitement si ce n’est vous renseigner (cours de préparation à la naissance par exemple). Ce qui est utile côté poitrine, c’est d’anticiper l’achat d’une crème à base de lanoline pour prévenir ou guérir d’éventuelles crevasses.

Ça sollicite beaucoup les seins plutôt ! On évite si possible les causes de crevasses ou on traite rapidement le cas échéant. La taille des seins augmente, le réseau veineux se densifie et l’aréole brunit le temps de l’allaitement. La poitrine des femmes se modifie jusqu’à l’âge de 35 ans environ.

Des coussinets, une crème à base de lanoline, des bouts de sein en silicone éventuellement, granules d’homéopathie et sachets de tisane d’allaitement en bonus. Les tire-laits électriques sont disponibles en location sur ordonnance (à la naissance) et les tire-laits nomades à l’achat.

La quantité de lait produite va dépendre d’une stimulation efficace dès la naissance. Mais il arrive parfois que la glande mammaire produise moins. Cela peut être le cas si la mère a des soucis de thyroïde par exemple ou si elle a eu une réduction mammaire ou une pose de prothèses.

À la maternité on pose les premières bases d’un allaitement, qui va parfois fluctuer. Ça ne démarre pas très bien et puis ça s’améliore avec des conseils et du soutien ; ou des difficultés surgissent plus tard et on parvient à les surmonter. C’est une aventure !

Je galère avec le tire-allaitement !

La référence, c’est le rythme des mises au sein d’un bébé. Le tire-lait va imiter au mieux sa succion pour stimuler la glande mammaire et la fréquence de tirages que vous faites permet la production de lait. Plus vous tirez régulièrement et de façon rapprochée, plus vous aurez de lait.

Oui vous pouvez, tant que bébé suit et que cela vous convient. L’introduction de biberon est déconseillée les 3 premières semaines, le temps que bébé prenne l’habitude du sein et que la lactation soit bien établie. Le fil rouge, c’est de garder suffisamment de stimulation par les tétées et les tirages.

Ne pas tirer d’une journée entière n’est pas favorable pour le maintien de la production, en plus de la gêne occasionnée pour vous. Une astuce serait de tirer juste avant le démarrage de votre travail, une fois à votre pause déjeuner, et à la fin. À la maison on compense avec tétées à volonté et tirages plus réguliers.

Bébé est hospitalisé et je l'allaite, je me sens seule dans cette épreuve

Vous pouvez appeler jour et nuit le service pour prendre de ses nouvelles, connaître les soins qu’il a eu et comment il a réagi. Aussi, pour faciliter vos tirages à distance parfois, vous pouvez regarder des photos ou des vidéos de votre bébé en même temps : cela vous fait plaisir et donc la sécrétion d’ocytocine induite augmente l’éjection du lait.

Allaiter son enfant hospitalisé ou prématuré est un exploit pour lequel les mamans comme vous doivent être grandement remerciées car le lait maternel est de l’or en pareille situation. Vous pouvez vous en ouvrir auprès du personnel qui vous soutiendra et vous aidera à trouver des aménagements réconfortants en termes de solutions pratiques et de repos.