L’isolement : beaucoup de mères le ressentent

« J’avais l’impression d’être invisible. Tout le monde demandait des nouvelles du bébé, jamais des miennes. Je souriais, mais à l’intérieur, je m’effondrais.
Un jour, ma sage-femme m’a simplement demandé : “et toi, comment tu vas ?”, j’ai fondu en larmes. »

Chloé, maman de Noam (2 mois)

« Le plus dur, c’était la nuit. Quand tout le monde dormait et que je restais éveillée à allaiter, les larmes me montaient toutes seules. J’ai commencé à écouter des podcasts de mamans, juste pour entendre des voix qui me comprenaient. Ça m’a tenue debout. »

Luana, maman d’Amaya (8 mois)

« Après la naissance, je me suis sentie coupée du monde. Mes amies n’osaient plus m’appeler, et moi, je n’osais pas dire que j’étais triste. Un jour, j’ai simplement écrit à une autre maman rencontrée à la maternité. Depuis, on s’envoie un message chaque matin. Ça change tout. »

Marta, maman de Thiago (5 mois)

Tristesse passagère, baby blues ou dépression post-partum ?

Ce que vous ressentez peut relever de plusieurs choses. Certaines émotions sont naturelles après l’accouchement, d’autres méritent une attention médicale.

Le baby blues est très fréquent : il concerne jusqu’à 8 mamans sur 10. Il apparaît dans les premiers jours après l’accouchement (souvent autour du 3e jour) et se manifeste par des pleurs inexpliqués, de l’irritabilité, de la fatigue, une hypersensibilité. C’est temporaire et ça disparaît en général en moins de 15 jours.

La dépression post-partum (DPP) est différente. Plus profonde, plus longue, elle peut survenir dans les semaines ou mois qui suivent la naissance. Elle touche près d'1 femme sur 5. Elle peut inclure un sentiment de vide, de découragement, de culpabilité, de la fatigue intense, des troubles du sommeil, une difficulté à créer du lien avec le bébé… Et surtout, elle n’est pas de votre faute. Ce n’est ni un manque d’amour, ni un échec.

En cas de doute !

Un outil pour vous aider à y voir plus clair. Vous pouvez faire le test de dépistage EPDS, simple et rapide en ligne :

  • Un score supérieur à 10 peut signaler une DPP : parlez-en avec un professionnel de santé.
  • Si vous avez répondu à la dernière question en pensant à vous faire du mal, consultez en urgence, vous méritez d’être aidée, tout de suite.
Des ressources pour ne plus rester seule

Il existe des lieux et des personnes avec qui parler librement, pleurer si besoin, se sentir écoutée sans jugement, et parfois même, rire !

Maman Blues : une association d’écoute et de soutien aux mères en difficulté. Des groupes de parole existent dans plusieurs villes.
Le sel dans le café : une carte en ligne géniale qui recense des lieux bienveillants pour les jeunes parents partout en France.
Le Club Poussette et leurs groupes WhatsApp : il y a même des groupes de discussions nocturnes entre mamans. Il suffit parfois d’un message pour souffler.
Vanilla Milk : un réseau d’établissements publics ou privés au sein desquels une maman peut allaiter son bébé sans jugement, regard désapprobateur ou discrimination
L'association Super Mamans : un réseau de femmes bénévoles, prêtes à soutenir les jeunes mères après l'arrivée de leur nouveau-né par un repas fait-maison et un temps de discussion.
Ce que vous vivez mérite d’être entendu. Parler, même juste un peu, même par écrit, même à une inconnue bienveillante, peut changer les choses. La solitude et la tristesse ne disent rien de votre valeur comme mère. Elles disent juste que vous avez besoin de soutien. Et il existe.

Le mot de Anna Roy, Sage-femme

« Cotez le score EPDS chaque mois (idéalement, c’est à commencer dès la grossesse). Cela vous fera une sorte de baromètre, de point d’étape régulier qui vous permettra de consulter rapidement… sans attendre que vous soyez au fond du seau. Si dépression prénatale ou du post partum il y a, sachez que c’est plus elle est prise en charge rapidement plus elle est facile à traiter. »

FAQ

Les questions sont traitées par Emmanuelle Rey,
sage-femme spécialisée en allaitement.

C’est physiologique pour un bébé de s’endormir après une tétée : rester au sein est rassurant, il est repu et se repose de ses efforts de succion. La durée des tétées (autour de 10 minutes minimum) et le nombre de couches mouillées (au moins 5 par jour) vous donnent des indications pour savoir s’il mange assez.

Bébé va grandir et les tétées vont certainement s’espacer un peu naturellement. Être jeune maman, c’est très prenant, et peut-être envahissant à des moments. Si ce sentiment domine en vous, il est temps de trouver comment recharger vos batteries émotionnelles.

Se sentir seule avec son bébé est un sentiment qui n’est pas rare mais qu’on partage peu : osez en parler, de bons amis peuvent vous préparer une petite sortie qui vous fera le plus grand bien. Autorisez-vous à y aller sans bébé pour vous retrouver un peu.

Pas du tout ! Le bouleversement émotionnel de la maternité, le manque de sommeil et les difficultés de la réalité parentale peut nous procurer à toutes des pensées négatives. Leur fréquence ou leur intensité doit vous alerter, vous pouvez être aidée pour aller mieux.

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