La fatigue : beaucoup de mères l’ont vécue

Charline, maman de Louis et Hugo (6 ans)et de Gabriel (2 ans)

Inès, maman de Mathéo (11 mois)

Mei, maman de Lin (7 mois)

Première question à se poser : est-ce vraiment l’allaitement qui me fatigue ?
Épuisée… mais pas seulement à cause de l’allaitement. Quand on est à bout, on pense parfois que c’est l’allaitement le problème. Mais souvent, ce n’est pas le fait d’allaiter, c’est tout ce qu’on vous laisse porter en plus :
- Les repas à penser
- Les rendez-vous à organiser
- Les lessives à lancer
- Les émotions de tout le monde à réguler, et on ne parle pas que du bébé. Le co-parent aussi peut avoir tendance à se plaindre.
Les mères assurent 70 % des tâches domestiques et des responsabilités parentales, selon une étude Insee de 2018. Alors forcément, quand on ajoute les tétées de jour comme de nuit… le système sature.
Comment se faire aider par le co-parent ?
Les études sont claires : lorsqu’un conjoint a une perception positive de l’allaitement, environ 75 % des démarrages à la maternité sont réussis (étude EPIFANE, Santé Publique France, 2021). Un soutien affirmé fait donc toute la différence pour débuter, mais aussi pour durer, malgré les doutes ou la fatigue. Le co-parent peut aider de bien des façons. Et si vous élevez votre bébé seule n’hésitez pas à faire appel à celles et ceux qui vous entourent (amis, proches, famille), leur aide peut être précieuse.

Le co-parent peut prendre en charge une partie des tâches concrètes qui tournent autour de l’allaitement. Par exemple :
- Gérer le linge (les coussinets, les serviettes, les bodies plein de lait),
- S’occuper des couches et du bain pendant ou après une tétée,
- Donner le biberon si vous tirez votre lait,
- Nettoyer et remonter le tire-lait si vous en utilisez un : ce sont des gestes simples mais chronophages qui peuvent vraiment soulager.
Ce ne sont que des exemples : à chacun de voir ce qui est le plus aidant au quotidien.
Allaiter demande du temps, et parfois de l’immobilité. Le rôle du co-parent, c’est aussi de nourrir celle qui nourrit :
- Apporter un verre d’eau, un en-cas ou un repas pendant la tétée,
- Aider à s’installer confortablement (coussins, ambiance apaisée, lumière douce),
- Répondre à la porte…
Bref : faire en sorte que la mère n’ait à penser qu’à son bébé pendant ce moment-là.
L’allaitement, c’est un effort invisible. Un chemin souvent semé de doutes, de douleurs, de découragement. Le soutien moral du coparent compte autant que l’aide concrète.
Voici des exemples de phrases qui réconfortent :
- « Tu fais de ton mieux, et c’est déjà énorme. »
- « Je suis fier·e de toi. »
- « Si tu veux qu’on réfléchisse ensemble à une autre solution, je suis là.»
Et des phrases à éviter (même si elles partent parfois d’une bonne intention) :
- « Pour moi aussi c’est dur / je suis crevé. » → Cela minimise ce que vit la mère, surtout dans une période physiquement et émotionnellement extrême.
- « Tu es sûre qu’il a encore faim ? » → Cela peut semer le doute, alors que l’allaitement repose déjà sur des repères souvent flous.
- « Tu vas l’habituer aux bras. » → Ce genre de remarque peut générer de la culpabilité inutile et d'ailleurs, bébé a physiologiquement besoin d'être porté !
Répartir, déléguer, alléger
Vous ne pouvez pas tout faire. Et vous n'avez pas à le faire seule. Pour vous aider, MAM a rédigé un guide simple et prêt à l’emploi pour :
- faire le point sur votre charge réelle
- amorcer une discussion avec le co-parent
- poser des limites concrètes, en post-partum et au-delà
Accéder au guide anti-charge mentale

Vous n’avez pas à tout porter. Vous avez le droit d’être soutenue, écoutée… et relayée.

Le mot de Anna Roy, Sage-femme
FAQ

Les questions sont traitées par Emmanuelle Rey,sage-femme spécialisée en allaitement.
L’adage « quand bébé dort, maman dort » est toujours bon à suivre, l’intendance attendra. Passez le relais le plus possible au co-parent ou à des proches pour récupérer. Et si une fatigue intense se lit sur votre visage et qu’on vous propose de l’aide, essayez d’accepter les mains tendues de bon cœur.
D'autres ressources utiles

La position BN (Biological Nurturing) permet à la mère de s’installer semi-allongée, confortablement soutenue par des coussins. Le bébé repose directement sur son torse et peut trouver le sein seul grâce à ses réflexes innés. Contrairement à d’autres positions, la mère n’a pas à porter son bébé dans ses bras. Elle peut ainsi allaiter tout en relâchant la fatigue et en se reposant davantage.

Le livre "Baby Clash : devenir parents sans s'étriper" : en s’appuyant sur les histoires de ses patients, la sage-femme Anna Roy propose des conseils concrets pour éviter le clash entre les nouveaux parents, le gérer dès les premiers signes de tension, ou encore le surmonter en cas de crise.

Le compte Instagram "T'as pensé à" de l'association éponyme. Elle rend visible la charge mentale des femmes, ce travail quotidien invisible, ses impacts à l'échelle sociale, et faire entendre la voix des femmes sur ce sujet. À lire les témoignages on se sent moins seule d'un coup !
